Robert Stephan, un sculpteur sur bois, d’écritures et de lumière

Portrait de l'artiste photo : Anaïs Roesz

Portrait de l’artiste
photo : Anaïs Roesz

Robert Stephan, un sculpteur sur bois, d’écritures, d’ombres et de lumières

ROBERT STEPHAN VERSUS CONSTANTIN BRANCUSI

Duo/Duel

Vue d'atelier photo : Anaïs Roesz

Vue d’atelier
photo : Anaïs Roesz

« Il ne faut pas respecter mes sculptures. Il faut les aimer et avoir envie de jouer avec elles … je veux sculpter des formes qui puissent donner de la joie aux hommes. » Qui de Robert Stephan ou de Constantin Brancusi a prononcé ces mots ? Le doute persiste et signe. Brancusi les a dit, Robert Stephan les a pensés. Prenons l’univers totémique et robuste de Robert Stephan et prenons les colonnes sans fin de Brancusi. Les sculptures de Brancusi ont des plans tranchants, des formes rudes, compliquées, des trous d’ombres et des parties creuses. On retrouve la même démarche dans le travail de l’artiste alsacien. Ses échelles et totems s’érigent dans l’espace comme de véritables édifices. Sans fin. « Il faut monter très haut pour voir très loin »2, Robert Stephan semble s’approprier chacun des mots prononcés par Brancusi. Lorsqu’il se voit proposer une exposition au sein d’une église, il accepte, ravi du challenge. Une église est pour lui une réplique de la forêt. Une forêt est comme une cathédrale, cet endroit où l’on ressent cette poussée des choses du bas vers le haut. Robert Stephan travaille l’élévation à la fois physique et mentale. Cette idée de croissance est sans cesse mise en exergue. Ses sculptures paraissent bercées par le doux chant du registre symbolique. Robert Stephan inscrit dans le bois cette obsession de la verticale, et ses sculptures s’érigent vers le ciel. David Lewis remarquait à propos des oeuvres de Brancusi : « les sculptures sur bois sont toutes action, celles en pierres sont toutes contemplation »3. Selon lui, le bois se prête mieux à l’expression mouvementée des contradictions de l’existence. Il s’établit alors une relation mystérieuse entre la pensée de l’artiste et le génie de la matière. C’est d’ailleurs ce que Robert Stephan exprime lorsqu’il se rend en forêt. Il essaye de se mettre en symbiose avec l’arbre pour pouvoir raconter la même histoire que lui.

Un amour de la forêt

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Ce n’est d’ailleurs pas par hasard que Robert Stephan se soit tourné vers le bois. Son amour de la forêt remonte à son enfance. Lorsqu’il était gamin il aimait courir la forêt. Et pour l’anecdote, il guérissait les arbres en les badigeonnant de boue. Comme autrefois, un rituel presque magique prend forme entre Robert Stephan et ses sculptures. Prêtes à s’envoler, les sculptures de l’artiste sont le résultat d’une audacieuse exploration de la réalité et d’une profonde connaissance de la vie. Souvent recto-verso, les oeuvres jouent avec la lumière, et s’emparent des reflets alentours. Tout comme Brancusi, Robert Stephan veut sculpter la lumière. Parfois même, certaines plaques de bois gravées servent de pare-soleil. Il arrive que l’artiste dispose les plaques incisées sur les fenêtres de son atelier, et le tour est joué. Chacune de ces plaques rend compte d’une histoire, qui n’est jamais la même en fonction de la lumière qui vient la traverser.

Brancusi disait « une sculpture ne doit pas être seulement bien exécutée; elle doit être agréable au toucher, facile à approcher et à vivre auprès d’elle »4. Robert Stephan fait sienne cette idée de liberté. Pour lui une pièce n’est pas forcément faite pour être accrochée au mur, ou pour être achetée et devenir une oeuvre d’art. De plus il autorise toute personne à toucher ses sculptures, à vivre directement la sensation de la matière. L’artiste alsacien vit le bois. Ces sculptures de bois ont une mémoire, la mémoire de l’arbre et de sa croissance, la mémoire de l’artiste qui a apposé son trait, et la mémoire du regardeur qui y voit ce qu’il veut. L’art de Robert Stephan établit une jonction entre l’être humain et la nature. Brancusi disait « l’art c’est la réalité même »5. Brancusi a vécu dans la solitude, mais aima la vie, la nature et l’être humain. Caractéristiques que l’on retrouve chez Robert Stephan. Souffrant de cette solitude, il en fait une force pour la projeter dans ses œuvres ; et fait de ses colères, une jubilation artistique.

Les oeuvres de début de Robert Stephan semblent donc tout droit tournées vers les préoccupations émises à l’époque par Brancusi. D’ailleurs il se paie le luxe de ne pas les vendre. Ces pièces sont pour lui les miroirs de quelque chose de très existentiel. Elles lui renvoient l’image de son identité, elles lui renvoient qu’il existe. Ce sont des pièces brutes, quasiment sans couleur, harmonieuses et équilibrées.

Robert Stephan émancipé

Les propositions émises par Robert Stephan sont proches de celles de Brancusi. Toutefois, il ne faut pas les prendre pour des jumeaux. Même si les pièces de jeunesse de l’artiste sont réellement marquées par la pensée de Brancusi, l’artiste opère sans cesse un renouveau, explore tous les sentiers possibles, part à l’aventure. Il ne se contraint jamais, et ouvre sans arrêt son monde à de nouvelles possibilités.

C’est en passant par la recherche, et par la connaissance de Brancusi, que Robert Stephan a pu parfaire sa langue et son outil. Il a compris comment exprimer ses sentiments en utilisant un outil qui amène souvent l’expression « massacrer à la tronçonneuse ». Chez Stephan ce ne sont pas uniquement les contours de l’oeuvre qui valent pour eux-mêmes, comme c’est le cas chez Brancusi, mais bien l’oeuvre entière dans le volume de sa poésie qui fait naître en nous une émotion parfois indéchiffrable.

UNE ÉCRITURE À LA TRONÇONNEUSE

Vue d'atelier  Photo : Anaïs Roesz

Vue d’atelier
Photo : Anaïs Roesz

Robert Stephan ou l’idée d’un sculpteur d’écriture ? Il façonne le bois et laisse sa trace à la manière d’un calligraphe. Il réalise des compositions aléatoires, des écritures comme des palimpsestes où chaque incision laisse supposer la présence de traces antérieures. Il incise à la tronçonneuse. Cet outil d’ordinaire violent, brutal, assourdissant permet de faire un trait aussi vite qu’au pinceau. L’artiste ne peut avoir aucun remords. Il prend des risques, travaille souvent des deux côtés, avec toujours cette menace de « tout foutre en l’air ». Robert Stephan est un artiste qui se met en situation. Il s’implique dans un corps à corps et dans un tête-à-tête avec son matériau. Il insiste sur la notion du « laisser advenir ». Il ne peut prédire ce qu’il va réaliser. L’oeuvre peut changer, mais il se doit de rester subtil. Son idée peut se transformer au fur et à mesure que la lame incise et déchiquette le bois. Selon les mots de l’artiste « il faut être ouvert aux choses ». Et même s’il ne sait où ses scarifications le mènent, Robert Stephan est maître de son outil. À trop l’avoir écouté, il en est d’ailleurs devenu sourd. La tronçonneuse est à la fois son outil, son jouet, son amie. En manipulateur concentré, l’artiste sculpte ses plaques, se transformant ainsi en génie de la matière. Robert Stephan inscrit sa pensée dans le bois à l’aide de signes. Ces signes sont marqués par la répétition. Les surfaces deviennent son terrain de jeu, il oscille entre plein et vide. Cet endroit devient l’empreinte de sa pensée, de ses rêveries d’enfant, d’homme. Ces oeuvres portent la trace de la mémoire et des souvenirs de l’artiste, mais nous sommes libres d’y voir ce que nous voulons. Chacun peut se transporter dans ses travaux, et y retrouver des inscriptions proches de sa propre histoire. Cette répétition accrue, obsessionnelle, est totalement assumée par l’artiste. Ses échelles, totems et plaques incisés témoignent d’une certaine nervosité ; et même si l’artiste s’oriente actuellement vers un travail qui apparaît plus minutieux, précis et serein, une certaine tension semble encore poindre. Des petits morceaux de bois jonchent le sol de son atelier. Précautionneusement l’artiste les prépare, à la manière d’un récolteur. Cette symbiose avec son matériau qu’évoquait précédemment l’artiste semble rejaillir ici. Il enroule autour des petits bouts de bois, des morceaux de papiers recyclés colorés. Robert Stephan crée un alphabet : un système de signes graphiques non conventionnels, servant à la transcription d’une langue, sa langue. Cette écriture fait naître la référence à Yves Bonnefoy, pour qui l’artiste nourrit une admiration. Un alphabet dont nous n’avons la clé qu’après avoir vu ce qu’on pourrait appeler le « code source », qui fait vivre des mots, des expressions, que l’artiste affectionne tout particulièrement. Son travail plastique qui feint l’écriture, le pousse à réellement écrire sur les murs de son atelier. Son système de signes incisés, ou les petits morceaux de bois enroulés dans du papier recyclé le poussent à l’expression. Les murs de son atelier sont ornés des pensées qui lui traversent l’esprit. Écrire sur les murs comme pour ne pas les oublier, ne pas laisser s’échapper ce qui jaillit dans l’instant. Il devient le poète de sa pensée, les mots glissent sur les parois fripées.

Il entaille, coupe, incise, déchiquette, scarifie, creuse, mais ne blesse pas. Son respect de la matière, son écoute du bois et du monde qui l’entoure, font de lui un sculpteur-poète, un sculpteur de mots. Il donne au bois une position d’allié. Sans lui il ne ferait pas ça. Sans cet amour du bois, il n’y aurait pas toute cette douceur et cette magie qui émanent des oeuvres.

La notion d’interchangeabilité

interchangeables, vue d'atelier Photo : Anaïs Roesz

interchangeables, vue d’atelier
Photo : Anaïs Roesz

Interchangeable se dit de pièces ou d’objets semblables, de même destination qui peuvent être changés l’un pour l’autre, et mis à la place des autres sans inconvénients. On retrouve, dans le titre même de cette série, l’idée de substitution, de remplacement entre une chose et une autre. Cette série est une des plus récentes de l’artiste. Les pièces sont toutes de même hauteur, jouent abondamment sur le rythme et la matière. On y retrouve la verticale, toujours en tant que signe de croissance, et le recto-verso où la pièce se transforme en fonction de la lumière qui va venir la pénétrer. On y retrouve cette écriture faite à la tronçonneuse qui déchiquette le bois, inscrivant sur la plaque des sortes de signes cabalistiques. Nombreuses sont les pièces dans cette série, qui se ressemblent et ne semblent faire qu’une. Pourtant, on retrouve des couleurs et des largeurs différentes. Les incisions elles-mêmes divergent les unes des autres. Elles sont plus ou moins profondes, accrochant plus ou moins l’ombre et la lumière. L’idée de mettre ces plaques les unes à la place des autres, insiste sur plusieurs choses, notamment l’idée de jeu car l’artiste se veut être un « grand enfant joueur ». Robert Stephan met à mal le « ne pas toucher », d’ordinaire si présent. Ses oeuvres sont faites pour que l’on tourne autour et qu’on les manipule. Cette série des interchangeables donne l’impression d’un puzzle, d’un assemblage à reconstruire. Assemblage qui n’aurait pas une, mais des milliers de possibilités. On devient l’acteur de ce jeu, la pièce devient notre moyen d’avancer. Robert Stephan n’érige aucunsystème, il laisse l’humain faire sa propre expérience, avec toujours cette volonté que le manipulateur s’amuse, qu’il profite, et qu’il y trouve du plaisir et peut-être aussi une certaine euphorie. Les mains de l’artiste, presque à la manière d’un chamane, manipulent ces plaques incisées, avec grâce et respect. Considérant chacune de ces pièces comme un être vivant, un être dont la mémoire serait inscrite dans les cicatrices. L’écriture comme fil conducteur, voilà ce qui émane du travail de l’artiste. La main qui manipule les plaques scarifiées, la main qui écrit sur les murs de l’atelier, la main qui tient fermement la tronçonneuse, comme le peintre tiendrait son pinceau.

vue d'atelier Photo : Anaïs Roesz

vue d’atelier
Photo : Anaïs Roesz

ROBERT STEPHAN EST UN «GRAND ENFANT JOUEUR», UN« IMAGINATEUR »

L’humain et la chaise, la chaise et l’humain

vue d'atelier photo : Anaïs Roesz

vue d’atelier
photo : Anaïs Roesz

Pour l’artiste, la chaise correspond à la place de l’être humain dans la société. Sa formation tout à fait classique (nus, portraits etc.) lui permet de parler de l’être humain sans le montrer. L’absence pour mieux signifier. Si l’être humain manque, est absent au sens physique du terme, il est pourtant bel et bien présent, consciemment et inconsciemment. La chaise, ce siège à dossier, conçu pour une personne, revendique à la fois le côté universel de l’humain, et à la fois son caractère unique, authentique, et réel. Une des expériences de l’artiste fut celle de sculpter 437 chaises. Chacune de ces chaises représentait un habitant du petit village de Bourgheim. Placées autour d’un arbre, par famille, chacun pouvait s’y retrouver, y voir son identité. La chaise devient le symbole d’une mémoire, d’un souvenir, d’un être vivant mais devient aussi métaphore de la stabilité, du pouvoir. Le bois est un être vivant, et Robert Stephan le considère comme tel. Le bois garde la mémoire de sa pousse et est périssable. Son côté éphémère le rattache à la vie, à l’individu qui lui aussi, au bout d’un moment, meurt. La chaise peut donc, par définition, devenir le symbole universel de l’être humain qui oscille entre la vie et la mort. Plus tôt encore, Robert Stephan s’était lancé dans la réalisation de fauteuils grandeur nature. L’enveloppe des fauteuils est tatouée d’entailles légères, qui marquent les prémices de son écriture.

Les socles pour … diverses propositions

série des socles pour ... Photo: Anaïs Roesz

série des socles pour …
Photo: Anaïs Roesz

Robert Stephan joue : seul ou accompagné. Il s’amuse avec la matière, aime prendre des risques. Son travail raconte toujours une histoire. Dans la série des fils de fers martelés, Robert Stephan transforme ses colères, comme un enfant. La répétition devient son fil conducteur. Geste systématique, presque automatique qui devient la traduction d’une certaine liberté. Il réitère plusieurs fois le même geste, la même action, le même mot, la même idée. Son travail se conduit en plusieurs phases, comme un cycle, une cadence rudement menée. Souvent cette idée de répétition est vue comme une vieille rengaine. Ce n’est pourtant pas de cette manière que la répétition s’opère chez Robert Stephan. C’est du côté de la fabrique de l’oeuvre, du geste et de sa conception que l’idée de système s’accentue. Le résultat est tout autre. Les objets semblent retenir en eux une certaine magie, des forces cachées, merveilleuses et c’est alors que l’on se laisse transporter.

Dans cette liberté, assumée et revendiquée par l’artiste, on retrouve des surfaces vivantes animées, dites aussi volumes libérés. Il produit des objets affranchis de toutes contraintes, juste pour le plaisir du volume. La série des Socles pour permet d’illustrer cette notion d’objets libres. On peut disposer et déposer sur ces socles, un poivron, un mot doux, un oiseau de passage, une fleur, et bien d’autres choses. Sa palette de matériaux est assez simple, les possibilités sont infinies. Un peu à la manière d’une recette culinaire, ces socles pour sont là pour expérimenter. Mettez-y ce que vous voulez et attendez de voir ce que cela produit sur vous et vos amis. Une recette assez simple qui semble fonctionner à merveille.

Il existe deux types de socles, tout deux d’une taille relativement similaire et toujours taillés et scarifiés. Le premier est en forme de T, le second plus massif, en forme de triangle. L’artiste y dispose toutes sortes de choses, telle qu’une carte postale, une chaise, une maison, des petits êtres bleus, des plaques gravées, des objets en terre. Ce sont des socles pour la poésie, qui parlent directement à l’imagination, à la sensibilité. Ces socles pour provoquent des émotions vives. Leur union rythme les murs. Chacune des pièces de l’artiste exprime une prise de risque. Selon lui, être artiste c’est aussi avoir l’impression de tout recommencer chaque jour. Ces grands moments de doute lui sont nécessaires. Des incertitudes qui font naître chez Robert Stephan des sentiments nouveaux, propices à la création, qui lui permettent de sans cesse se renouveler, et d’ouvrir son imaginaire vers d’autres horizons.

Un imaginateur

vue d'atelier photo : Anaïs Roesz

vue d’atelier
photo : Anaïs Roesz

Les enfants le considèrent comme un « imaginateur », soit un agitateur d’imagination. Sa capacité à créer des choses, son inventivité, son bestiaire personnel le font travailler à la fois sur des compositions mais, pour aller plus loin dans la fantaisie, sur des idées de « compost » et « d’épluchures ». Il épluche sa pensée, ne jette rien, garde tout, et voit où chaos et désordre le mènent. Son caractère de pédagogue est omniprésent. Lorsqu’il travaille avec des enfants, l’artiste n’a aucun contrôle sur ce que les enfants-créateurs font puisqu’il propose de n’être que le reproducteur technique de leurs dessins. Il a ainsi réalisé une crèche en bois pour le Noël bleu de Kertzfeld. C’est à la manière d’un chasseur d’images qu’il cherche à mettre en valeur l’expression spontanée des enfants. Robert Stephan travaille volontairement avec des jeunes, des moins jeunes, des personnes blessées etc. Pour lui l’art est un accès à ce qui nous dépasse. D’ailleurs, il est persuadé qu’il devrait y avoir beaucoup plus d’artistes dans le milieu psychiatrique. Avec ses « apprentis » imaginateurs, l’artiste réalise des compositions modulaires, où l’on retrouve l’idée du passage. Il parle de compositions comme des jardins. Le jardin de sa pensée n’est pas un endroit clos, il n’existe pas de mauvaises herbes. Il cultive son imagination, il se promène d’idée en idée.

Des caisses qui contiennent des éléments de couleurs, jonchent le sol de son atelier. Elles attestent d’un travail très zen. Cette passion de permettre à d’autres de s’exprimer lui procure un plaisir sans nom. Ensemble ils se racontent des histoires. Il entretient un lien très particulier avec eux. C’est alors que la notion d’écriture pour les autres apparaît. En ouvrant ainsi les portes de son atelier, Robert Stephan laisse le champ ouvert, sans lui il n’y aurait pas de réalisations, pas d’histoires, pas de discussions. Des moments privilégiés que l’artiste ne raterait pour rien au monde. Il est sans arrêt subjugué par les réalisations de ses hôtes. En écrivant pour les autres, Robert Stephan écrit aussi pour lui-même. Quand certains pensaient ne jamais pouvoir produire quelque chose, Robert Stephan leur prouve le contraire, en mettant son savoir-faire, son envie, et sa chaleur à contribution.

alphabet Photo : Anaïs Roesz

alphabet
Photo : Anaïs Roesz

Avant de rencontrer Robert Stephan, mon mode opératoire fut celui de creuser, fouiller et approfondir. Je pensais ne pas avoir assez de choses à dire, à demander, et pourtant les choses se sont faites d’elles-mêmes. À la manière d’un conteur, Robert Stephan m’a transportée dans les histoires de son atelier. Nous nous sommes promenés dans ces différents espaces qui croulent sous les pièces de bois. Ce fut une expérience incroyable que celle de se retrouver dans un tête-à-tête avec un artiste, et d’avoir clé en main l’objectif de poser les bonnes questions. Cette rencontre me fait dire que l’art de Robert Stephan est loin de se conclure. Et s’il faut prétendre à une conclusion, il convient de dire que l’artiste combine depuis toujours dans ses œuvres l’art et la vie. Des sculptures s’érigent vers le ciel, en signe de croissance infinie tandis que cicatrices et entailles rehaussent les plaques de bois. Son amour du matériau mène l’artiste vers de nombreux possibles. Il sculpte le bois, sculpte la lumière et sculpte les mots.

En me promenant dans les espaces de travail de l’artiste et en discutant avec lui, j’ai à la fois rencontré le grand enfant joueur qu’est Robert Stephan mais j’ai aussi rencontré l’homme amoureux de son bois, de sa forêt et qui de façon rituelle et harmonieuse lui rend sans arrêt hommage.

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